Ce jour de mars ma petite Maman…

Un jour de mars, ma petite Maman, 

Je n’ai pas pu t’accompagner. 

J’espérai encore serrer ta main.

Tu es partie toute seule, sans câlin,

Demi-orpheline, comme tu es née. 

 

Posé sur une branche d’arbre fleurie,

La tête dans le ciel bleu, 

Ce jour de mars, un oiseau pépie. 

C’est la guerre ! L’ennemi se tapi, 

Invisible pour les yeux. 

 

Ce jour de mars, ma petite Maman, 

Ma paume, sent toujours tes doigts ridés. 

Tu avais si peur, tu m’étreignais. 

Tu croyais qu’on t’abandonnait. 

Je n’ai pas su te rassurer.

 

Je te revoie, j’étais enfant, 

Tu tenais dans une main alors douce 

Un bouquet comme la branche fleurie, 

Et tout bleu, comme le ciel d’aujourd’hui. 

Je te prenais pour une déesse. 

 

Tu n’étais pas souvent là. 

Tu préférai Papa ! 

Un jour, tu me l’as dit.  

As tu vraiment choisit ? 

Je n’en ai voulu qu’à lui. 

 

En secret, tu calmais ses colères, 

Ses propos malvoyants, 

Ses humeurs meurtrières. 

Ce jour de mars, ma petite Maman,

J’ai pardonné, il y a longtemps. 

 

A ta façon distante, 

Tu était si aimante ! 

En montagne, dans les chemins et pentes, 

Tu guidais les gens à travers bois, 

Ailleurs, des couples en plein désarrois. 

 

Tu as subit de violentes tempêtes. 

Tu as maintenu la tête haute, 

L’esprit calme et un placide visage. 

Peines et deuils te laissaient droite. 

Qui aurait cru en ton naufrage ? 

 

Posé sur une branche d’arbre fleurie, 

Un jour de mars, un oiseau pépie, 

La tête dans le ciel bleu. 

Son chant te porte-t-il vers un dieu ? 

Je t’aime, petite Maman chérie ! 

 

© Isabelle Forestier