Tu souris. Es-tu inquiète ?
Tu es si belle dans ton caftan
De velours blanc
Brodé de rouge
Sur ton cœur.
Le ciel est bleu transparent,
Zébré d’éclairs par instant.
Des clameurs montent,
Il nous faut aller vite.
J’ai si longtemps rêvé de toi
De ton rire, de ta voix,
De ta bouche, de ta joie.
Ma mère criait au déshonneur
Et de honte,
Ton père t’a couverte.
En vain, nous avons espéré
Les rassembler.
Et puis, pour me retrouver,
Tu as pris la fuite.
Il t’en fallait du courage !
J’ai mis ma jolie kippa.
Tu es si belle dans ton caftan
De velours blanc
Brodé de rouge
Sur ton cœur.
Nous allons nous allier,
Nous allons nous marier.
Le soleil brille avec l’orage.
De youyou, il n’y aura pas,
Ni de flûte, ni de tambours.
N’écoutes pas ces coups sourds.
Il ne faut pas avoir peur.
Cherchons un refuge, un toit,
Une cave, n’importe quoi.
Nous n’aurons pas nos parent,
Il n’y aura pas de violons
Et peu d’amis viendront.
Mais nous aurons des enfants,
Aussi tendres que toi,
Des enfants de paix et d’amour.
Les broderies rouges
De ton caftan
Ont-elles fleuri ?
Était-il de velours blanc
Auparavant ?
Est-ce le tonnerre,
Ou bien la guerre
Qui a tant secoué la terre ?
Mes oreilles bourdonnent.
Pourquoi sommes nous dans ce cratère
Empli de débris ?
Dans mon crâne, un marteau cogne.
Que t’arrive-t-il, ma chérie ?
Ton caftan est gris,
Aussi ton visage,
Tes yeux sont fermés
Et sur ton corps entier
Saignent les broderies rouges.
© Isabelle Forestier