La soif

Eau.
Sentir.
J’avais si soif.
C’est frais.
La boue est un nectar.
Je respire.
Jour après jours,
Le soleil avait carbonisé ma peau,
Ce tortionnaire,
Ce despote totalitaire.
Mes mille doigts se brûlaient à ronger la terre.
Ils avaient beau creuser, creuser, creuser,
Il n’y avait plus d’eau.
Mon pouls faiblissait.
J’ai du concentrer ma force au centre de mon corps.
J’ai perdu beaucoup de cheveux,
L’esprit aussi, peut-être un peu.
C’était trop tôt,
Bien avant l’automne.
Maintenant le ciel se fendille, tonne,
S’ouvre et la pluie danse avec mes voisins et moi…
Ceux qui ont survécu.
Les autres, la mort les a roussit.
Ma sœur reste à mon côté,
Bien droite sur son tronc.
Nous nous sommes tenus par les radicelles.
Demain, sa chevelure de feuilles reverdira,
Épaisse.
Elle est belle ma sœur.
Nous vivrons encore,
Nous, arbres.

© Isabelle Forestier