Mademoiselle tout à l’envers (Pastel sec) – Hommage à l’illustrateur Philippe Corentin (1936-2022)

Quand c’est le jour,

Elle dort toujours.
Les pieds et la tête en l’air,
À l’endroit où à l’envers,
Elle se rêve en toboggan
Et se réveille de travers.
Mais vers le soir,
Quand vient l’espoir,
À l’envers ou à l’endroit,
Même si ce n’est pas la loi,
Elle festoie avec les rois
Et reines poètes du verlan,
Auxquels elle parle tout en vers.
C’est renversant !

© Isabelle Forestier

Texte et illustration conçus pour l’exposition de groupe « Scrogneugneu » en hommage à l’illustrateur Philippe Corentin (1936-2022) qui aura a partir du 4 juillet 2024 au Musée de l’Illustration Jeunesse de Moulins.
Mon poème et l’illustration sont inspirés librement  de la chauve-souris Chiffonnette, personnage central de l’album :
« Mademoiselle tout à l’envers »
publié aux éditions L’école des Loisirs.

Exposition de groupe « Le Décathlon d’Apollon » au château de Montsoreau.

Participation à l’exposition de groupe temporaire « Le Décathlon d’Appolon », portant le label Olympiade culturelle Paris 2024, au château de Montsereau -musée d’art contemporain du 14 juin au 11 août.

Avec :

« Rue du cherche Bonheur »

Hommage à mon cher ami Charles, grand savant spécialisé dans la recherche du bonheur dans le tréfond des âmes.

Le Décathlon d’Apollon au château de Montsoreau-musée d’art contemporain… Cliquer

Dossier de Presse

 

 

Héritage

Un petit enfant rapté,
Mille autres sous les missiles.
Du sang gicle dans le ciel,
Un garçon tremble de tout ses membres.
Son père est resté sous les décombres.
Un autre, hurle, puis hébété,
Cherche des yeux sa jambe amputée.

Un petit enfant rapté,
À perdu son biberon.
Une fille aux yeux couleur charbon,
Remarque une chevelure
Émergeant d’une tonne de pierres.
Elle reconnaît celle de sa mère,
Avale l’horreur à pleins poumons.

Un petit enfant rapté
Tète goulûment son vêtement.
On gémit devant le plat fumant,
Agrémenté de chiendent.
La viande est dure sous la dent.
Maintenant, c’est le chat du voisin,
Mais lequel mangera-t-on demain ?

Un petit enfant rapté,
Sanglote comme tout les bébés.
Une femme, seins gorgés de lait,
Agrippe son nourrisson, poupée
Au teint pâle comme la craie,
Minuscule corps en linceul blanc,
Qui n’aura respiré qu’un instant.

Un petit enfant rapté
Survit seul, affamé, plusieurs jours
Entouré d’étrangers morts,
Sous un tunnel de béton armé,
Avant d’être écrasé à son tour.
La bas, sa famille l’attend encore.
Filles, fils d’ennemis, tous, ils meurent.

Tout au sommet de sa tour,
Le muezzin prie toujours,
La voix hachée par les larmes.
D’autres affûtent leurs longues lames,
Pendant que, loins des gravats,
Les puissants s’arriment à leurs sofas,
Jouant leurs sièges échecs et mat.

© Isabelle Forestier

Il a cinq ans

Il a cinq ans. Il regarde sa mère dormir. Elle est jolie. Elle est plus belle que toutes les mamans de ses copains. Quand elle rit, on dirait un oiseau qui chante. Si elle lui raconte une histoire, il se blottis sous son bras chaud, car ainsi, les méchants ne peuvent plus lui faire de mal. Elle sent le jasmin. Quand elle l’embrasse le soir avant le coucher, son petit cœur s’ouvre comme une fleur. Il l’aime même quand elle l’accompagne à l’école, ou lorsqu’elle le gronde. Maintenant, il voudrait faire une bêtise pour qu’elle se lève. Mais elle dort toujours et il n’ose pas. Tout est silencieux. Elle ne bouge pas. Elle ne respire pas. Il a peur de caresser sa joue. Elle dort les yeux ouverts. Ils sont très sombres et n’y a plus rien dedans, comme si elle n’habitait plus là. On lui dit qu’elle est morte. Ils sont Gazaouis.
© Isabelle Forestier