Double plouf et patatras, 80 artistes s’amusent avec Philippe Corentin

Du 27 novembre au 22 mars 2026 à la Médiathèque Françoise Sagan, aura lieu une exposition de groupe à laquelle je participe en hommage à Philippe Corentin.

L’exposition, proposée par le Fonds Patrimonial Jeunesse Heure Joyeuse, est produite par Bibliocité, avec le soutien de l’école des loisirs et en partenariat avec le Musée de l’Illustration Jeunesse (MIJ).

Commissaires : Hélène Valotteau, responsable du Fonds Patrimonial Jeunesse Heure Joyeuse et Binh Chaumont, bibliothécaire jeunesse
Commissaire scientifique : Yvanne Chenouf

Double Plouf : le titre de cette exposition, qui commence comme une ritournelle enfantine, la place sous le signe des influences croisées de ses aînés issus des collections du Fonds patrimonial Heure Joyeuse, et en regard, celles dont ses contemporains revendiquent désormais l’héritage.

Des artistes, auteurs, autrices et éditeurs y participeront :
Gilles Bachelet, Olivier Besson, Olivier Balez, Jean Barbaud, Laura Bellini, Serge Bloch, Irène Bonacina, Pascale Bougeault, Vincent Brunot, Jean-Philippe Chabot, Jean Claverie , Carll Cneut, Joanna Concejo, Pierre Cornuel , Andre Dahan, Jennifer Dalrymple, Rebecca Dautremer, Régis Parenteau-Denoël Dit Denoël, Maxime Derouen, Nathalie Dieterlé , Philippe Dumas, Pierre Clément, Jean-Luc Englebert, Isabelle Forestier, Emmanuel Fornage, Anne Herbauts, Natali Fortier, Michèle Gay, Laurence Gillot-Artpostaliste, Emile Jadoul , Anne Herbauts, Laura Bellini, Susanne Janssen, Martin Jarrie , Chen Jiang Hong, Gérard Lo Monaco, Olivier Melano, Philippe Mignon, Ingrid Monchy, Philippe Morlot, Antonia Neyrins Carnettiste,Nathalie Novi, Hans-Ulrich Osterwalder, Marcus Osterwalder, Beatrice Poncelet, Nicole Claveloux, Isabelle Chatellard, Pénélope, Bruno Pilorget, François Place, Béatrice Poncelet, Claude Ponti,Jame’s Prunier, Alex Rochereau ,Christian Roux, Jean-Charles Sarrazin,Frédéric Stehr, Thomas Tessier, Marcelino Truong, Hervé Tullet, Christian Voltz, Anaïs Vaugelade, Gaya Winsinski, Jurg Roth, Christelle Renault, Sophie Cherer, Boris Moissard, Nathalie Brisac, Arthur Hubschmid, Jean Delas, Emmanuelle Martinat, Elsa, la fille de Philippe Corentin et ses petits enfants, Mathéo et Basile.

80 artistes, dont moi, s’amusent avec Philippe Corentin à la médiathèque Françoise Sagan

Hommage à Philippe Corentin au MIJ, le musée de l’illustration jeunesse à Moulins

Quel plaisir de découvrir dans ma boîte aux lettres ces jours derniers le catalogue de l’exposition d’hommage à Philippe Corentin au MIJ* organisée par Binh Chaumont et Emmanuelle Martinat-Dupré à laquelle j’ai participé avec mon pastel et poème « Mademoiselle tout à l’envers », ainsi qu’une soixantaine d’illustrateurs. En le feuilletant, je suis émerveillée par la richesse des œuvres que ce talentueux illustrateur parti trop vite a inspiré.

*(Musée de l’Illustration Jeunesse à Moulins)

 

Équinoxe

Des mésanges bleues se bécotent
Entre des bourgeons duveteux.
Bientôt, elles tresseront un nid moelleux
Au creux d’un mur vieux.

Plus loin, cela tonne, chez les humains.

Les narcisses défroissent leurs pétales,
Les mimosas éclosent en grappes de soleils,
Déjà, le vent souffle sur les renoncules
Et emporte leurs robes parme ou groseille.

Plus loin, cela tonne, chez les humains.

Les larves gonflent dans leurs chrysalides,
Les primevères ouvrent leurs corolles
Érigeant leurs pistils aux abeilles
Et par un matin frais, se dénudent.

Plus loin, cela tonne, chez les humains.

Les champs explosent de couleurs
Et les villes sous les obus et grenades,
Les oiseaux chantent la magie printanière,
Et dans les bras de leurs mères,
Des petits enfants meurent,
Pendant que dans le sang et la misère
Les hommes s’assaillent
Au nom de leurs certitudes.

© Isabelle Forestier

La fleur blanche

Ce soir dans la nuit de Paris, une dame âgée s’était arrêtée dans un angle de rue. Petite et maigre, elle avait le teint gris et les yeux cernés par une vie au grand air citadin. D’une main, elle tenait un chariot rapiécé où elle avait rassemblé tous son domicile. De l’autre, elle étreignait la tige d’une fleur blanche et fanée qu’elle humait tendrement, comme on le fait d’un souvenir lointain. Elle souriait. Soudain, une bourrasque a emporté tout les pétales. De rage, elle a piétiné la tige, puis s’en est allée plus loin en recherche d’un pont ou autre abris pour reposer jusqu’à demain son corps fatigué.

Pour un dessin

Il y a dix ans déjà, nous découvrions avec horreur qu’une partie de l’équipe du journal satirique Charlie Hebdo venait d’être assassinée,

Pour un dessin ?

S’il y a deux millénaires les premiers chrétiens ont été martyrisés pour leur foi, s’ils ont glorifié leurs martyres, si en Europe ils se sont ensuite entretués, si au siècle passé une partie des juifs ont été exterminés pour leur croyance, cela semblait une époque honteuse de notre histoire, mais heureusement révolue. Archaïque ! Au 21e siècle, nous comprenions qu’ailleurs des humains se battaient toujours pour la terre, pour le pétrole, pour la lutte des classes, pour la survie en somme, et occasionnellement en notre faveur, ce qui pouvait apparaître comme cause d’injustice et de guerre contre nous. Mais comment, nous, pauvres occidentaux, pouvions nous concevoir que l’on s’entretue,

Pour un dessin ?

Je suis illustratrice. J’aime écrire aussi. Comment pouvais-je admettre que cette créativité qui contribue à donner sens à ma vie : « partager une émotion ou une pensée », puisse-t-être censurable selon certains au point qu’ils trouvent justifiable de causer la mort de mes semblables,

Pour un dessin ?

Alors j’ai dessiné.

Le grand cerf

SOLSTICE 2024

Viens, viens ! a chanté la Lune au Grand Cerf.
Viens, je t’offrirais des songes
Par milliers !
Il l’a suivie dans l’obscurité
Et il s’est endormi dans ses bras dorés.

Rêve ! a murmuré la Lune au Grand Cerf.
Rêve, pour toujours !
Tu oublieras le jour.
Et la nuit s’est répandue
Sur la neige.

Mais dans l’estomac du Cornu,
Attendait l’astre diurne.
Il chuchotait : veille, veille !
C’est mon tour.
L’animal a recraché le Soleil.
Et la lumière est revenue.

© Isabelle Forestier