Sur un slow, ou un tango,
les danseurs tournent et tournent,
main fluette dans main tannée,
l’autre sur un dos robuste.
Sur les vagues d’un pasodoble,
ils se balancent,
la hanche tendre et ronde
et le genoux parfois raide.
Les danseurs tournent et tournent
avec tant de foi,
doigts dans les doigts,
la démarche chaloupée
et le corps chaviré.
Ton mari dort sous la terre,
avec langueur la musique les entraînent
et la vie continue Maman.
Il est drôle ce monsieur qui s’avance,
les bras battant la cadence,
avec le temps qui passe
et la joie aux lèvres.
Je suis célibataire Madame,
voudrez vous bien valser
sur le parvis de la mairie,
glisser sur talons hauts
aux pas de l’amour fou.
Sur une Samba ou une Java,
les danseurs tournent et tournent,
cheveux gris ou dégarnis,
ventres replets et peaux flétries,
leurs pieds sont toujours agiles.
Ils ont vingt ans au rythme de la danse,
sur le parvis de la mairie
d’une ville de cure thermale.
Voudrez vous bien valser Madame,
sur les roulis d’une Rumba,
vous êtes si belle
aux pas de l’amour fou.
La vie continue Maman,
à quatre vingt onze ans,
avec tes souvenirs naufragés,
des rhumatisants qui font la nuba
et la saveur enivrante
d’un thé grand yunan,
sur le parvis de la mairie
d’une ville de cure thermale.
Aix les Bains, 31 août 2017
©Isabelle Forestier