Équinoxe

Des mésanges bleues se bécotent
Entre des bourgeons duveteux.
Bientôt, elles tresseront un nid moelleux
Au creux d’un mur vieux.

Plus loin, cela tonne, chez les humains.

Les narcisses défroissent leurs pétales,
Les mimosas éclosent en grappes de soleils,
Déjà, le vent souffle sur les renoncules
Et emporte leurs robes parme ou groseille.

Plus loin, cela tonne, chez les humains.

Les larves gonflent dans leurs chrysalides,
Les primevères ouvrent leurs corolles
Érigeant leurs pistils aux abeilles
Et par un matin frais, se dénudent.

Plus loin, cela tonne, chez les humains.

Les champs explosent de couleurs
Et les villes sous les obus et grenades,
Les oiseaux chantent la magie printanière,
Et dans les bras de leurs mères,
Des petits enfants meurent,
Pendant que dans le sang et la misère
Les hommes s’assaillent
Au nom de leurs certitudes.

© Isabelle Forestier

La fleur blanche

Ce soir dans la nuit de Paris, une dame âgée s’était arrêtée dans un angle de rue. Petite et maigre, elle avait le teint gris et les yeux cernés par une vie au grand air citadin. D’une main, elle tenait un chariot rapiécé où elle avait rassemblé tous son domicile. De l’autre, elle étreignait la tige d’une fleur blanche et fanée qu’elle humait tendrement, comme on le fait d’un souvenir lointain. Elle souriait. Soudain, une bourrasque a emporté tout les pétales. De rage, elle a piétiné la tige, puis s’en est allée plus loin en recherche d’un pont ou autre abris pour reposer jusqu’à demain son corps fatigué.

Pour un dessin

Il y a dix ans déjà, nous découvrions avec horreur qu’une partie de l’équipe du journal satirique Charlie Hebdo venait d’être assassinée,

Pour un dessin ?

S’il y a deux millénaires les premiers chrétiens ont été martyrisés pour leur foi, s’ils ont glorifié leurs martyres, si en Europe ils se sont ensuite entretués, si au siècle passé une partie des juifs ont été exterminés pour leur croyance, cela semblait une époque honteuse de notre histoire, mais heureusement révolue. Archaïque ! Au 21e siècle, nous comprenions qu’ailleurs des humains se battaient toujours pour la terre, pour le pétrole, pour la lutte des classes, pour la survie en somme, et occasionnellement en notre faveur, ce qui pouvait apparaître comme cause d’injustice et de guerre contre nous. Mais comment, nous, pauvres occidentaux, pouvions nous concevoir que l’on s’entretue,

Pour un dessin ?

Je suis illustratrice. J’aime écrire aussi. Comment pouvais-je admettre que cette créativité qui contribue à donner sens à ma vie : « partager une émotion ou une pensée », puisse-t-être censurable selon certains au point qu’ils trouvent justifiable de causer la mort de mes semblables,

Pour un dessin ?

Alors j’ai dessiné.

Le grand cerf

SOLSTICE 2024

Viens, viens ! a chanté la Lune au Grand Cerf.
Viens, je t’offrirais des songes
Par milliers !
Il l’a suivie dans l’obscurité
Et il s’est endormi dans ses bras dorés.

Rêve ! a murmuré la Lune au Grand Cerf.
Rêve, pour toujours !
Tu oublieras le jour.
Et la nuit s’est répandue
Sur la neige.

Mais dans l’estomac du Cornu,
Attendait l’astre diurne.
Il chuchotait : veille, veille !
C’est mon tour.
L’animal a recraché le Soleil.
Et la lumière est revenue.

© Isabelle Forestier

 

 

Mademoiselle tout à l’envers (Pastel sec) – Hommage à l’illustrateur Philippe Corentin (1936-2022)

Quand c’est le jour,

Elle dort toujours.
Les pieds et la tête en l’air,
À l’endroit où à l’envers,
Elle se rêve en toboggan
Et se réveille de travers.
Mais vers le soir,
Quand vient l’espoir,
À l’envers ou à l’endroit,
Même si ce n’est pas la loi,
Elle festoie avec les rois
Et reines poètes du verlan,
Auxquels elle parle tout en vers.
C’est renversant !

© Isabelle Forestier

Texte et illustration conçus pour l’exposition de groupe « Scrogneugneu » en hommage à l’illustrateur Philippe Corentin (1936-2022) qui aura a partir du 4 juillet 2024 au Musée de l’Illustration Jeunesse de Moulins.
Mon poème et l’illustration sont inspirés librement  de la chauve-souris Chiffonnette, personnage central de l’album :
« Mademoiselle tout à l’envers »
publié aux éditions L’école des Loisirs.

Exposition de groupe « Le Décathlon d’Apollon » au château de Montsoreau.

Participation à l’exposition de groupe temporaire « Le Décathlon d’Appolon », portant le label Olympiade culturelle Paris 2024, au château de Montsereau -musée d’art contemporain du 14 juin au 11 août.

Avec :

« Rue du cherche Bonheur »

Hommage à mon cher ami Charles, grand savant spécialisé dans la recherche du bonheur dans le tréfond des âmes.

Le Décathlon d’Apollon au château de Montsoreau-musée d’art contemporain… Cliquer