J’aime le jour, la nuit

Je n’aime pas me lever trop vite le matin.
J’aime vagabonder dans des pensées en liberté, sentir le  poid de la couette sur ma peau, et celui de mon corps sur le matelas.
Je n’aime pas sortir de mon lit sans m’être blottie dans les bras de mon amoureux.
J’aime quand le soleil plonge dans l’obscurité lorsque je remonte les stores.
J’aime m’assoir devant un thé avec des tartines beurrées en regardant ma dernière peinture.
Je n’aime pas quand les couleurs jurent.
J’aime déposer sur le papier un peu de carmin, du vermillon, un cadmium, une touche de pourpre…
J’aime les rouges… et les verts aussi d’ailleurs, les complémentaires, les contraires. On dit d’ailleurs que j’ai l’esprit de contradiction.
Je n’aime pas lorsque mes pinceaux se rebellent. Certains jours, ils font n’importe quoi. D’ailleurs, c’est de leur faute si je ne réussit pas.
J’aime peindre en écoutant la radio, entendre les histoires des autres.
Je n’aime pas savoir qu’il y a encore eu un attentat, même si c’est à l’autre bout du monde.
J’aime mes pinceaux lorsqu’ils m’obéissent au doigt et à l’œil et font apparaître, le chant d’un oiseau sur la branche, la main d’un vieillard caressant le velours de son fauteuil, ou le rire cristallin d’un enfant.
Je n’aime pas me coucher le soir.
J’aime tomber sur mon oreiller.

© Isabelle Forestier