Portraits du RER E

Depuis l’automne j’emprunte régulièrement les wagons du RER E ou le monde entier semble s’être donné RDV, parfois morne et triste, joyeux ou tendre, fatigué ou rêveur, affairé avec un portable, souvent plein d’ennui. En voici vingt croquis :

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

 

 

Ils avancent d’un pas souple dans le couloir du RER E et leurs gandouras bleues flottent autour d’eux. Ils s’assoient plus loin. Leurs peaux sombres se détachent sur leurs turbans blancs. Ils regardent au dehors, comme cherchant un mystère dans le lointain. Ils sont beaux et je suis émerveillée. Dois-je leur parler ? Est ce que les femmes abordent les hommes dans leur culture ? L’un d’eux remarque que je les dessine. Timidement, je lui tend mon croquis. Il m’invite à m’assoir avec eux. Ils viennent du Mali pour vendre des bijoux de leur tribu. Ils sont touareg.

 

Dialogues de vieilles dames

– Ah ma fille, tu es enfin venue !
– Je suis désolée madame, mais je ne suis pas votre fille.
– Ça me fait tellement plaisir que tu sois là ma fille.
– Je suis sure que votre fille viendra vous voir bientôt, madame. Je repasserais vous dire bonjour tout à l’heure.
– Tu es enfin venue ma fille !
– Je dois aller voir ma mère Madame. Venez, je vous fais un câlin avant de partir.
– Que faisiez vous avant madame ?
– Sort moi de la !
– J’étais pilote de ligne.
– Tu es enfin venue ma fille !
– Je conduisais l’avion du président de la république.
– J’ai mal au dos. J’ai mal, j’ai mal, j’ai mal au dos…
– Vous avez de la famille ?
– Mon mari est ingénieur. Quand reviendra-t-il ? Mon mari est ingénieur. Je ne sais pas quand il reviendra. J’ai peur. J’ai peur. J’ai peur. Mon mari est ingénieur. J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur, mon mari est ingénieur. J’ai peur….
– Comment allez vous mesdames les roses ?
– Tiens, voilà mon père qui rentre !
– Ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est…
– C’est que nous sommes au Casino. Je suis en train de faire une cure thermale. J’ai de la chance, car si tout les autres ont des rhumatismes, moi, je n’en ai aucun.
– Comment allez vous mesdames les roses ?
– Sort moi de la !
– J’ai été enchantée de faire votre connaissance mesdames les roses.
– Tu ne veux pas dormir avec moi ma fille ?
– Nous sommes très inquiètes. Nous avons fait nos valises pour prendre le train demain pour retrouver nos parents. Mais nous ne savons pas qui va nous accompagner. Pouvez vous nous renseigner ?
– Sort moi de là !
– Ne vous inquiétez pas madame, tout est organisé ici.
– C’est qu’on nous attend dans nos famille !
– Sort moi de la !
– Ne vous inquiétez pas mesdames. On vous accompagnera. Tout est organisé.
– Comment allez vous mesdames les roses ?
– Merci de nous rassurer. Vous m’ôtez un poids. J’étais très inquiète.
– Vous êtes très belle madame. C’est une femme qui vous le dit.
– Maman, Maman, Maman, Maman, Maman, Maman, Maman…
– J’ai dit à mon fils que j’avais rencontré une dame.
– Vous le connaissez son fils ?
– Maman, Maman, Maman, Maman, Maman, Maman, Maman, Maman, Maman…
– Toutes ces personnes que nous voyons autour de nous m’attendent pour dîner car voyez vous, c’est moi qui dirige la résidence. Mais comment vais je faire pour organiser tout cela. Je n’y arrive plus.
– Ce n’est pas grave ! Moi aussi, autrefois, j’ai reçu beaucoup de monde. J’ai du tout arrêter à cause de mon cœur. On est ici, entre voisins et voisines et chacun se débrouille. Parfois je me prépare le déjeuner. Parfois je mange un sandwich. Parfois je ne mange pas.
– Je dois vous avouer une chose madame : je perd un peu la tête. Je ne sais plus bien où j’en suis. Voyez toutes ces personnes autour ! Je dois organiser le dîner pour elles, mais je n’y arrive plus. Je ne sais plus comment faire.
– Tu es enfin venue ma fille. Sort moi de la !
– Ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est, ça y est…
– Vous êtes trop bonne madame.
– Au secours, au secours…
– Tu ne veux pas t’allonger auprès de moi ma fille ?
– Vous m’emprisonnez et vous voudriez que je soit consentante.
– Ah, Madame, vous n’êtes pas seule à perdre la tête, mais ce n’est pas grave. Moi aussi, j’organisais tout avant, mais j’ai du arrêter à cause de mon cœur.
– J’ai été enchantée de faire votre connaissance mesdames les roses.
– C’est que je perd un peu la tête. Comment cela va-t-il se passer sans moi pour le dîner ?
– Moi aussi je perd la tête. C’est à cause de mon cœur. Mais ce n’est pas grave. On a assez travaillé !

© Isabelle Forestier

Vente au profit d’un orphelinat Camerounais (aquarelle ou reproduction)

QUATRE AQUARELLES À VENDRE !

Afin que perdure le sourire solaire des enfants de l’orphelinat de Maman Fanny à Bafousam au Cameroun, je propose une vente à leur profit des quatre peintures jointes, aux prix de :
– 120€ l’original de format  25x10cm sur papier Arche grain,
– ou 60€ la reproduction numérique sur format de papier A3 (42x30cm) sur papier  Velvet Fine Art en tirages numérotés limités à 3 exemplaires.
– où 30€ la reproduction numérique au format de papier A4 (21×29,7cm) sur papier Velvet Fine Art en tirages numérotés limités à 3 exemplaires.

Les tarifs indiqués sont port comprit sur la France métropolitaine.
Une cagnotte sur Leechi dont voici le lien a été créée pour l’occasion : https://www.leetchi.com/c/pour-les-enfants-de-maman-fanny

Si vous souhaitez faire un versement, veuillez me d’abord me contacter en message privé afin que nous convenions plus en détail des modalités : CONTACT… Cliquer

C’est l’auteur jeunesse Camerounais Alain serge Dzotap, qui anime régulièrement  des ateliers d’écritures avec ces enfants, qui a alertés de la situation. L’orphelinat a perdu un donateur régulier qui versait 600€ par mois. Contactés, les services sociaux de la ville ont suggéré de renvoyer les plus grands de l’orphelinat dans leurs familles. Comme ces familles n’existent le plus souvent pas, ou sont défaillantes, cela revient concrètement à mettre ces adolescents à la rue.

Si vous souhaitiez d’autres informations, vous pouvez vous connecter au groupe Facebook Pour les enfants de Maman Fanny créé pour l’occasion par l’écrivain  Dzotap Alain Serge avec la clownesse Suisse Françoise Bonny Njo vice-présidente et membre de la compagnie Nanabocco, enseignante en primaire et clown en hôpital.

J’aime le jour, la nuit

Je n’aime pas me lever trop vite le matin.
J’aime vagabonder dans des pensées en liberté, sentir le  poid de la couette sur ma peau, et celui de mon corps sur le matelas.
Je n’aime pas sortir de mon lit sans m’être blottie dans les bras de mon amoureux.
J’aime quand le soleil plonge dans l’obscurité lorsque je remonte les stores.
J’aime m’assoir devant un thé avec des tartines beurrées en regardant ma dernière peinture.
Je n’aime pas quand les couleurs jurent.
J’aime déposer sur le papier un peu de carmin, du vermillon, un cadmium, une touche de pourpre… Continuer la lecture de « J’aime le jour, la nuit »